Interview d'Alessandro Ratti sur l'histoire de la Suisse, les Alpes et la chanson de l'hymne national.


Peux-tu te présenter ?
Je suis né en 1991 à Locarno et j'ai grandi à Malvaglia, dans la vallée de Blenio, au nord-est du canton du Tessin, où je suis né. J'ai fréquenté les écoles obligatoires de la vallée, puis le lycée du Collegio Papio d'Ascona, avec le travail de Maturité Géographique sur le projet de parc national du Parc Adula.
J'ai étudié l'histoire et le latin à l'Université de Fribourg, où j'ai également travaillé à la Bibliothèque d'histoire et de théologie pendant plusieurs années entre le Bachelor et le Master, me faisant des amis avec des collègues. Depuis 2018, je suis archiviste à la paroisse d'Ascona. Dans mes temps libres, j'aime écouter de la musique, nager, faire de la randonnée en montagne en été et du ski de fond en hiver.

 Tu es guide de montagne. Qu'est-ce qui rend la montagne si spéciale pour toi ? La montagne fait-elle partie de l'identité suisse ?
En 2018, j'ai obtenu le certificat de moniteur suisse de randonnée ESA. Après mon doctorat, je pense déjà au brevet fédéral de guide de montagne. J'ai toujours été fasciné par les montagnes et, en grandissant, j'ai cultivé un lien fort avec elles, partageant de belles expériences avec mes amis.
La montagne, c'est la découverte, l'aventure et la contemplation. Une mer de sommets, de glace et de rochers se détache à l'horizon, au sommet vous semblez toucher d'un doigt le ciel bleu profond, les minéraux brillent en reflétant les rayons du soleil, tout est calme et silence. Bref, c'est ce que je ressens, surtout quand je dois faire face à de petits, grands objectifs personnels, comme mes premiers 3000.
Oui, bien sûr, les montagnes sont l'un des fondements de l'identité suisse. La Suisse est traversée par les Alpes et la Confédération est née dans les montagnes. Saint Nicolas de Flüe, notre saint patron, vient du cœur battant de la Suisse, d'un alpiniste comme Guillaume Tell et de tous les héros nationaux. Une grande partie de notre musique folklorique et de nos traditions vivantes sont d'origine alpine. C'est dans les vallées alpines que notre quatrième langue nationale, le rhéto-romanche, et nos dialectes sont parlés couramment. La montagne conserve encore une partie importante de notre patrimoine le plus ancien, comme les églises romanes, les chemins muletiers médiévaux et les fermes en bois du XIVe siècle. Pour moi, c'est toujours une grande émotion de me confronter à tout cela.

 Quel rôle l'histoire joue-t-elle dans l'identité d'un pays ?
L'histoire est héritage, mémoire et vie. L'histoire est dans le sang qui coule dans les veines d'un pays. L'identité profonde d'un pays se nourrit d'histoire, de paysages, de lieux, de mythes et de légendes. L'histoire est en ce sens comme un livre infini dont nous écrivons encore aujourd'hui une page qui ne sera jamais la dernière. L'histoire accompagne, conditionne et préserve l'identité d'un pays, contribuant ainsi à mieux le connaître, le comprendre et le partager.

Tu étudies l'histoire générale et l'histoire suisse. Pourquoi tu intéresses-toi à l'histoire et surtout à l'histoire suisse ?
Oui, je suis en train de transformer ma thèse de maîtrise en un livre, qui devrait être publié sous peu. Le Maître est essentiellement dédié à Vincenzo Dalberti (1763-1849), le prêtre blenien qui, surtout depuis 1803, année de la fondation du canton du Tessin, a le plus contribué à poser les fondations.
L'histoire m'a toujours intéressé, déjà à l'école et à la maison, par la chance d'avoir rencontré tous mes grands-parents, de lire des livres et de visiter des lieux mystérieux chargés d'histoire, comme les châteaux médiévaux.
L'histoire suisse est une fascination qui continue, je dirais presque tous les jours, du moins depuis le lycée. Un très beau et riche territoire, plein de diversité, sur lequel il est fondé, articule et marche dans le temps un peuple qui développe une alchimie de fierté, de passion et d'ingéniosité, pour construire et consolider ensemble un équilibre sensible est une force. Il y a tous les ingrédients pour continuer.
Dans les remplacements et autres activités que je réalise avec les élèves, j'illustre volontiers des exemples de proximité, qui ont l'avantage de composer une histoire concrète, d'adhérer au territoire et aux documents, un ancrage immédiat et une possibilité de compréhension autrement inaccessible.

 

Comment as-tu commencé ta thèse de doctorat sur les confréries religieuses au Tessin au XVIIIe siècle ? Pouvons-nous apprendre quelque chose d'eux ?
Le doctorat de l'Université de Lausanne est une excellente combinaison de deux domaines de l'histoire auxquels je me consacre depuis plusieurs années : l'histoire des Alpes et l'histoire du christianisme. Je n'en suis qu'au début de cette nouvelle carrière académique et j'ai encore beaucoup de travail à faire sur ce sujet spécifique. Mais je suis sûr que toute cette histoire a quelque chose à nous apprendre.
Elle s'applique également aux confréries religieuses qui, dans le Tessin d'aujourd'hui, ont eu une importance et une diffusion vraiment exceptionnelles, en tant que tissu de vie spirituelle, sociale et économique dans la vie quotidienne des populations alpines. Ce qui m'intéresse surtout, c'est la manière dont les confréries ont préparé les formes et les expressions associatives du catholicisme populaire et politique né au XIXe siècle, de la démocratie chrétienne au mouvement ouvrier.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris que ce que tu as appris sur l'histoire du catholicisme politique et social, de l'ouvrier chrétien et de la pensée et du mouvement démocratiques ?
C'est le domaine qui me fascine le plus dans l'histoire du christianisme, auquel j'ai consacré beaucoup de temps avec mes propres lectures et recherches. Avant d'approfondir cette connaissance, j'ai pensé que le catholicisme politique et social, le mouvement ouvrier catholique et la démocratie chrétienne étaient un bloc de pensée et d'action monolithique et homogène, avec une origine et une direction précises et déterminées.
La surprise a été de découvrir que les périodes et les événements historiques, les lieux géographiques, l'aire linguistique, la culture de référence faisaient de ce courant un arbre au tronc commun et aux racines très anciennes, mais aux ramifications multiples et variées. Il suffit de penser à la différence entre les expressions autrichienne et suisse de ce courant, et pour la Suisse la diversité par région linguistique, ainsi qu'entre le nord et le sud des Alpes. Pensons au chemin parcouru par ce courant en France, du prêtre breton Félicité de Lamennais (1782-1854) au philosophe Jacques Maritain (1882-1973) : une véritable aventure, pleine de charme et de surprises.

 Pour moi, être suisse signifie....
Beaucoup, vraiment, et beaucoup de choses ensemble. C'est aimer ma terre, la "patrie" du Psaume suisse, les Alpes, avec toute leur diversité et leur beauté. Etre proche, physiquement et émotionnellement, de la nature. Cultiver ma spiritualité en harmonie entre ciel et montagne. Nourrir mon esprit suisse en passant du temps dans les lieux qui me sont les plus chers. Reconnaître la valeur de la solidarité et la force du fédéralisme et de la démocratie.
Parler au moins un peu le romanche, découvrir des lieux lointains et inconnus. Consolider mon engagement dans la vie sociale et politique en écrivant comme rédacteur en chef de périodiques locaux et régionaux, en participant aux élections et aux votes, et en travaillant dans des organisations sportives et culturelles. Élaborer d'autres perspectives de conservation, de mise en valeur et de transmission du patrimoine historique et artistique.
Cuisiner et déguster les spécialités de chaque saison. C'est aussi amener le drapeau de la Croix-Rouge sur une plage de Bretagne assiégée par la marée du 1er août tôt le matin et chanter l'hymne national avec le rugissement des vagues, ou tout simplement plonger dans les eaux glacées d'un lac de montagne en haute montagne en toute fin de saison...

 

Entretien: Eliane Troxler

Entretien avec Ali Hodzic (32 ans), musulman pratiquant. Il est enseignant, père de trois jeunes enfants et vit dans le canton de Zurich.


Comment es-tu arrivé à la foi ?
J'ai dû donner mon permis de conduire parce que j'étais ivre au volant d'une voiture. J'ai pris un énorme bus de plusieurs milliers de francs et j'ai dit : "C'est assez. Quelque chose ne va pas ici. Je me suis demandé, quel est le sens de la vie ? J'ai regardé les différentes religions, bien que j'aie grandi dans l'Islam. J'ai remarqué que l'islam est la bonne chose pour moi après tout.
Qu'est-ce que cela te fait, en tant que musulman, de vivre en Suisse ? Expérimentes-tu du respect ou de la discrimination ?
J'éprouve du respect et de la discrimination, les deux. Le respect, surtout quand les gens voient que je je jeûne pendant un mois entier ou quand ils entendent que je prie cinq fois par jour ou que je ne fume ni ne bois. D'autre part, nous sommes également victimes de discrimination. Si la liberté de religion ou l'égalité religieuse devait prévaloir en Suisse, il ne serait pas possible de nous interdire de construire des minarets avec droit de vote.
En Suisse, si tu te comportes normalement, si tu poses des questions amicales, alors tu peux aussi prier au travail. Je n'ai jamais été victime de discrimination, comme le fait de ne pas avoir le droit de prier. J'avais aussi toujours le droit d'aller à la prière du vendredi, tout allait bien. En principe, nous ne faisons pas l'objet de discrimination, mais il y a des points qui sont discriminatoires. Dans l'industrie des médias, par exemple, il a été démontré que lorsque l'Islam est rapporté, il y a toujours des reportages très négatifs. Il s'agit là d'une discrimination médiatique qui existe bel et bien.
Que peut apprendre la Suisse de l'islam ?
La Suisse apprend de l'islam depuis longtemps ! Toutes les réalisations dans les domaines islamiques, qui ont bien sûr été en partie reprises des cultures antérieures. La façon dont tu te laves. Chiffres arabes. Ce que vous pouvez apprendre de l'Islam, c'est que vous devriez tolérer les gens, mais que vous n'avez pas à les accepter. Vous n'avez pas besoin d'être ensemble de force. Le sentiment le plus fort est la coexistence pacifique, c'est comme ça. Le respect et la tolérance envers les autres peuvent certainement s'apprendre de l'Islam.


Que peuvent apprendre les musulmans de la Suisse ?
Très clairement : l'engagement. Si vous dites quelque chose, alors c'est la même chose. Discipline aussi pour la vie dans ce monde, pas seulement pour l'au-delà. Que vous vous fatiguez vraiment et que vous ne pensez pas : "Oui, cela sera bien, Allah l'a préparé ainsi.

 
A quoi mènent les différentes religions en Suisse ? Est-ce que ça mène à une scission ? Ou s'unit-elles ?
Pour moi, les gens qui n'ont pas de religion, peu importe d'où ils viennent, qui ne pratiquent pas, sont les pires personnes. Ce sont les personnes les plus intolérantes qui soient. Les personnes les meilleures et les plus tolérantes sont celles qui ont une foi, qu'elle soit chrétienne, juive ou musulmane. Ils suivent cette sagesse : Aimez votre prochain. Ou il n'y a pas de contrainte à la religion. Ce que nous disons dans le Coran : A chacun sa religion. Si quelqu'un a une foi consolidée et si on peut normalement entrer dans le dialogue interreligieux, il ne devrait pas y avoir de division. Il n'y a division que lorsque les gens utilisent la religion dans leur but. Les extrémistes d'une religion ainsi que les ennemis d'une religion. La division n'existe que lorsqu'une personne a un intérêt dans la division. Fondamentalement, les religions devraient définitivement s'unir.


Existe-t-il des différences entre les musulmans dans les différentes régions linguistiques de Suisse ?
Oui, bien sûr ! En Suisse romande, il y a beaucoup plus d'Arabes, beaucoup plus d'Arabes musulmans qu'ici en Suisse alémanique. En Suisse alémanique, on trouve principalement les Balkans. Albanais et Turcs etc. C'est bien sûr une énorme différence, la culture arabe et la culture des Balkans. Cela signifie que les musulmans suisses-allemands ont tendance à s'adapter à la Suisse-allemande, c'est juste comme ça, peut-être en termes de ponctualité, de précision au travail, etc. Les Suisses romands n'ont pas cette ponctualité et les musulmans aussi. La tendance est d'aborder les choses plus calmement. Mais je crois aussi qu'il y a beaucoup plus d'universitaires francophones, beaucoup plus d'accès aux universitaires, si vous pensez combien de personnes en Afrique parlent français. Dans l'espace germanophone, il y en a quelques millions, mais pas autant que dans l'espace français.

Qu'est-ce qu'un musulman suisse typique par rapport aux pays voisins ?
Je pense qu'un musulman suisse typique est celui qui, lorsqu'il fait un don, donne plus parce qu'il gagne plus. En ce qui concerne les dons, il y a beaucoup plus de dons de la part des musulmans. Je pense aussi que les musulmans suisses font beaucoup plus d'efforts pour s'intégrer, par exemple en parlant la langue. L'État et nous-mêmes devons veiller à ce que les régions ne se développent pas de la même manière qu'en Allemagne, où, dans certaines régions, les policiers doivent pouvoir parler turc, sinon ils ne peuvent pas parler aux gens. C'est évidemment une grande différence. La volonté en Suisse de s'adapter, comme le permettent l'islam et l'Allemagne, à cette réticence. Il existe des sous-cultures beaucoup plus importantes dans d'autres pays que la Suisse.


La religion peut-elle jouer un rôle en politique ?
Elle joue un rôle depuis longtemps. Quand vous voyez que "la dignité de l'homme est inviolable", tout est dérivé des choses religieuses. Tout cela joue un rôle. Pourquoi le meurtre n'est-il pas permis ? Il s'agit simplement d'une conviction profonde d'éthique et de moralité et elle vient du religieux et finalement de Dieu quand on parle de religion. 


 Que veux-tu pour la Suisse ?
Oui, simplement plus de tolérance. Ce dernier reconnaît que les musulmans ici ne sont pas seulement des invités, mais qu'ils sont venus pour rester. Je ne sais pas qui a dit cela : "Nous avons appelé les travailleurs et les gens sont venus". C'est-à-dire que nous sommes venus en tant que travailleurs, mais nous sommes des êtres humains, nous avons une religion et des valeurs, et ainsi de suite. Celles-ci sont, bien sûr, transportées à l'extérieur. Cela signifie en général ce comportement asocial, raciste, en partie intolérant, qui malheureusement, à mon avis, existe encore dans une grande partie de la Suisse. Tout ce qui est différent est un problème, n'est-ce pas ? Je souhaite simplement que la tolérance soit davantage encouragée, y compris par l'État. Que ces médias se concentrent davantage sur la réconciliation et ne se contentent pas de faire passer la sensation d'excitation d'un message à l'autre.


Pour moi, être suisse signifie....
...de vivre en Suisse, d'accepter les coutumes suisses, dans la mesure où ma propre morale le permet. - Et c'est le cas pour la plupart. Personne ne m'interdit de pratiquer ma religion.
...d'être tolérant envers les autres, mais de défendre ses propres valeurs et de les vivre.

Entretien: Eliane Troxler

Entretien Skype avec Parham, qui parle 12 langues

Mot de passe pour la vidéo : EssereSvizzero
J'ai rencontré Parham il y a environ 4 ans lorsque nous travaillions ensemble dans un foyer près de Rome. On s'amusait à parler en quatre langues à l'époque. Son enthousiasme pour les langues m'a rapidement infecté et m'a motivé à apprendre d'autres langues et à améliorer mes précédentes.
L'interview est en trois langues suisses : Italien, allemand et français.

Résumé
Parham vient des Etats-Unis, mais il voyage depuis 10 ans et se considère comme un citoyen du monde. En ce moment, il vit en Thaïlande, mais nous déménageons bientôt en Chine.
-Il parle 12 langues : japonais, thaï, chinois, persan, anglais, français, espagnol, italien, portugais, allemand, coréen, croate et thaï.
-Il apprend des langues pour pouvoir vraiment communiquer avec les gens lorsqu'il voyage, et pas seulement en anglais. Avec chaque langue, il apprend une nouvelle façon de voir le monde et de beaux termes.
-Parham passe environ 2 à 3 heures par jour à apprendre des langues, et il parle 8 à 9 langues par semaine avec d'autres personnes.
-Il trouve l'apprentissage des langues important parce que des outils comme Google Translator créent de la distance et ne fonctionnent pas pour des conversations plus complexes. Seul l'anglais vous permet de communiquer avec une petite partie seulement des gens lorsque vous voyagez.
-Pour apprendre une langue, il est important de communiquer avec des locuteurs natifs, pas seulement avec la personne assise à côté de vous à l'école, ce qui n'est pas drôle non plus. Il ne considère pas l'apprentissage à l'école comme la bonne façon d'apprendre une langue, mais comme une façon de parler à des locuteurs natifs.
-Parham ne croit pas qu'il faille du talent pour apprendre les langues. Si chacun passe 3 heures par jour à apprendre des langues, il croit que chacun peut apprendre autant de langues qu'il le peut.
Conseils pour l'apprentissage des langues : Pratiquez tous les jours, même si ce n'est qu'une demi-heure, pour que cela devienne une habitude. De plus, vous pouvez trouver votre méthode d'apprentissage préférée. Il recommande le matériel didactique "Assimil", basé sur l'apprentissage de la langue par le dialogue. A l'étranger, il faut aussi essayer de ne pas parler l'anglais, mais la langue nationale, même si on ne la maîtrise pas encore bien.

 

Entretien: Eliane Troxler

Entretien avec Jérémie Bongiovanni sur son projet exChange et pourquoi les échanges linguistiques sont importants

 

Jérémie Bongiovanni (21) j'étudie le droit et l'économie à l'Université de Saint-Gall. Il s'intéresse particulièrement au journalisme ainsi qu’à la politique qui le fait souvent découvrir de nouveaux endroits en Suisse. On peut sinon le croiser sur un terrain de tennis ou un mur de grimpe.

 

Qu'est-ce que exChange ? Et comment as-tu eu l'idée d'exCHange ?
exCHange sera une plateforme Internet dont l’objectif est de promouvoir les échanges linguistiques en Suisse chez les jeunes. En effet, seuls 2% des élèves à l'école secondaire participent à un tel échange, cela doit et peut changer !
La plateforme permettra aux élèves souhaitant effectuer un échange dans une autre région linguistique de Suisse de trouver un partenaire selon les critères de leurs choix et de le contacter afin d’organiser l’échange.
L'idée a émergé lors d'une académie d'été sur le thème de la Suisse. Nous l’avons ensuite développé lors d’un Hackathon à Zurich en répondant à la problématique suivante : Comment promouvoir le plurilinguisme à l’heure des nouvelles technologies ?
Nous concrétisons désormais ce projet en travaillant avec un programmeur afin de pouvoir créer le site. Nous sommes également en contact avec des experts juridiques et des professionnels du milieu de l'éducation afin d’envisager les différentes modalités de la plateforme.


Pourquoi penses-tu qu'il est important que les Suisses parlent plus d'une langue nationale ?
Je pense que le plurilinguisme en Suisse est une opportunité remarquable pour les Suisses et la Suisse qu'il appartient à chacun de saisir. L'apprentissage d'une autre langue nationale n'est pas forcément une finalité en soi mais c'est une ouverture vers une autre culture et de nouvelles personnes. Parler allemand en Suisse permet de parler avec cinq millions de personnes supplémentaires, ça n’est pas rien ! Au niveau national il est bien sûr essentiel que les régions puissent se comprendre et trouver des solutions à leurs problèmes communs en respectant leurs différences, les langues jouent un rôle essentiel dans ce processus.


Pourquoi penses-tu que beaucoup d'enfants et de jeunes Suisses apprennent une autre langue nationale à l'école pendant des années et sont encore incapables de la parler à la fin ?
J’ignore si les élèves sont vraiment incapables de parler une autre langue nationale à la fin de leur scolarité, il ne faut pas être trop pessimiste, mais il est vrai qu’il y a certainement une marge de progression. Je pense que si les élèves pouvaient avoir une expérience concrète de la langue, notamment à travers un échange, et réaliser les bénéfices de l’apprentissage d’une langue, cela éveillerait un intérêt pour l’apprentissage mais aussi pour la pratique, après la scolarité par exemple.


Tu parles allemand, français, italien et anglais ! Es-tu particulièrement doué ? Ou est-ce que c'est possible pour tout le monde?
Je ne pense pas être doué et je suis définitivement convaincu que tout le monde peut apprendre une autre langue. J’encourage chacun à prendre le temps de partir en échange, en un voyage linguistique ou d’étudier dans une autre langue que sa langue maternelle. Le moteur final c’est la motivation et la passion qu’on peut avoir pour une langue et toute la culture qui l’accompagne.


Que faut-il changer à l'école pour que les élèves apprennent mieux les langues ?
Je pense que la participation à des échanges ne serait que bénéfique pour l’apprentissage des langues à l’école. C’est la conviction qui anime le projet exCHange et nous espérons que nous pourrons proposer une solution efficace !


Que souhaites-tu pour le futur de la Suisse ?
Je souhaite à la Suisse du futur de cultiver ses richesses linguistiques et culturelles, c’est ce qui l’a construite jusqu’à aujourd’hui.


Peux-tu compléter la phrase : Etre suisse pour moi signifie....
Pour moi être suisse c’est comprendre la complexité de la Suisse et vivre dans la riche diversité qu'elle a à nous offrir.

 

Entretien: Eliane Troxler

 

 

 

 

 

"Pour moi, en tant qu'ex-pat, la Suisse est un lieu de paix et de régénération, de montagnes et de lacs, une maison avec famille et amis et donc aussi une sorte de refuge émotionnel."

Benjamin, Zoug/Luxembourg, Amazon

Entretien avec le professeur Dr. phil. Andreas Härter, professeure permanent en langue et littérature allemandes à l'Université de Saint-Gall sur l'identité suisse, les différences éducatives et le multilinguisme.

Vous recherchez le vide. Comment vous est venue l'idée de rechercher le vide ?
Cela remonte à très loin sur le plan biographique. Déjà au lycée, je suis tombé sur le terme "horror vacui" (= terreur du vide / terreur du vide), qui m'a occupé et fasciné encore et encore depuis lors. Dans l'Antiquité, il y avait des débats sur la question de savoir s'il y avait un vide dans la nature. Dans la tradition chrétienne, l'attitude négative a été adoptée avec l'argument qu'il ne peut y avoir de vide dans la création divine.
D'autre part, nous connaissons le phénomène du vide dans de nombreux contextes, dans l'art, dans l'architecture et les espaces sociaux, comme une expérience paysagère (déserts, déserts, mers), et finalement comme un vide intérieur.
Ce qui m'intéresse, c'est : Comment peut-on penser au vide ? Quand vous pensez au vide, vous lui attribuez un sens. Alors il est au moins contaminé par cette attribution. Je pose cette question de littérature, par exemple. La littérature raconte des histoires. Il n'y a pas d'histoires sans espace. La littérature ne peut s'empêcher de remplir ses espaces narrativement. En même temps, le vide est un thème de réflexion dont on ne peut se débarrasser. Ma question est la suivante : de quelle manière le vide se produit-il dans la littérature ?

L'identité suisse est-elle vide ?
Non, je ne pense pas qu'il soit complètement vide. Je pense que bien qu'il n'y ait pas de logement identitaire prêt à l'emploi, il existe un cadre identitaire, qui est peut-être un peu moins complet qu'on ne le pense habituellement. Mais cette construction n'est pas seulement un fantasme, car il y a une histoire de la Suisse qui comble partiellement le vide de l'échafaudage. Mais il y a aussi des formations mythiques qui ne font que prétendre remplir l'échafaudage. Ils ne sont probablement pas aussi forts aujourd'hui qu'ils l'étaient pendant et après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le mythe selon lequel la Suisse était une entité unique et autonome a été cultivé de manière intensive. Cependant, il est bien connu que ce mythe est encore géré politiquement. Si vous enlevez des aspects qui ne sont pas entièrement couverts par la réalité, l'identité suisse est peut-être déjà un peu vide. Mais je ne suis pas sûr que ce vide soit réellement vide, pour ainsi dire, ou si un jeu créatif de questions, de processus de construction identitaire, de processus de flexibilisation identitaire, de délimitations, d'exclusions a lieu dans ce vide. Là où il y a un vide, il y a un espace ouvert, et je pense que tout le processus d'identité et de questionnement appartient à ce cadre. Une identité implique toujours la question de cette identité, de son changement et, dans un certain sens, même de sa négation.

Vous êtes éduqué et s'intéressent à des contextes complexes. La plupart des Suisses ne comprennent pas ce que vous écrivez. De telles différences en matière de formation conduisent-elles à un affaiblissement de la cohésion en Suisse ?
Je ne sais pas si je décrirais ainsi les différences en matière d'éducation. De même que chacun dans sa profession a un contexte de travail spécifique, un public cible spécifique, de même quelqu'un qui fait de la recherche et qui écrit a aussi un certain public cible. Ce n'est pas parce que tout le monde comprend tout ce que les autres font ou disent. Il existe plutôt différents domaines de compétence qui se complètent mutuellement. Ce n'est pas fondamentalement quelque chose qui divise les groupes sociaux. Bien sûr, vous pouvez vous demander s'il y a une légitimité à faire des choses que la plupart des gens ne font pas du tout. On prétend que les sciences, y compris les études culturelles, ont une fonction et un avantage sociaux. Ils tentent de structurer théoriquement la société, ses pratiques culturelles, ses institutions, ses processus sociaux et politiques afin de les comprendre. Peut-être cela conduira-t-il à une prise de conscience plus profonde. Cela peut revenir dans le grand public, peut-être pas à tous les groupes, pas à tous les gens, mais dans un certain cadre, cela renforce quelque chose comme une conscience sociale.
Par conséquent, je pense que la complexité du texte écrit limite la portée du public cible immédiat. Mais la réflexion sur les processus sociaux et culturels a beaucoup plus un effet d'intégration que de séparation.

Vous adorez la langue allemande et l'écriture. Quel est l'impact de l'absence d'une langue commune sur la cohésion suisse ?
C'est ambivalent, comme toujours. Le fait que nous ayons quatre langues, et que ces langues se différencient ensuite encore davantage, ne facilite pas la cohésion. Mais j'ai l'impression que le fait de savoir que vous êtes un pays qui fonctionne malgré quatre langues différentes a déjà un effet intégrateur en soi. On dit toujours que la Suisse est une nation de volonté. Cette volonté a quelque chose d'identitaire. La Suisse alémanique ne veut pas devenir l'Allemagne, le Tessin veut devenir l'Italie, etc. Il y a quelque chose qui maintient ce pays uni, et cette cohésion n'existe peut-être pas malgré la différence linguistique, mais c'est précisément grâce à elle.

Qu'y a-t-il d'autre qui unit la Suisse ?
D'une part, il y a un sentiment d'identité évident et quotidien. Avoir une telle conscience constitue une bonne partie de l'identité que l'on croit pouvoir assumer. Elle permet une position à partir de laquelle on peut affirmer une certaine sécurité, à partir de laquelle on peut au mieux poursuivre l'exclusion, mais dont on peut aussi dire : Il y a une certaine stabilité, qui a un poids historique, avec la fondation de l'Etat fédéral en 1848 et la mythique préhistoire depuis 1291.
On pourrait ajouter que c'est aussi l'idée de neutralité qui existe depuis des siècles et ses aspects problématiques qui contribuent à la cohésion de la Suisse. La conscience d'une île, même à l'égard de l'UE, est, aussi discutable qu'elle puisse être, quelque chose qui crée une identité. Mais c'est bien sûr une identité négative : nous ne faisons pas partie des autres, nous sommes notre propre île.

Que voulez-vous pour la Suisse ?
Une ouverture d'esprit réfléchie et courageuse.

Pour moi, être suisse signifie....
... d'être autorisé à vivre d'une manière telle que je ne suis pas obligé de penser constamment à des difficultés existentielles, assurer la survie etc. ou de se battre pour cela. Pour moi, être Suisse signifie qu'il y a un sentiment de bien-être qui peut résister à ses propres dangers - et qui entraîne avec lui des obligations qui vont au-delà de son propre nez.

 

Entretien: Eliane Troxler

 

 

 

"Être suisse, c'est pour moi un sentiment d'appartenance et un sentiment de toujours avoir le meilleur chocolat."

Maria, étudiante en psychologie, Zurich

Interview avec Annika Brunner, principale candidate des Verts aux élections du Conseil cantonal


Annika Brunner de Zürich a 20 ans. Après un apprentissage en tant que infirmière, elle étudie maintenant les sciences infirmières à la ZHAW dans son quatrième semestre. Elle est active au sein des jeunes Verts depuis 2017, a siégé pendant un an à la direction nationale et fait maintenant partie de la direction générale à Zurich. Elle y est particulièrement impliquée dans la politique climatique et sanitaire. Elle s'est également engagée dans la Semaine du développement durable et a dirigé pendant un an le département de la politique de l'enseignement supérieur afin d'intégrer le développement durable dans les universités. Dans ses temps libres, elle enseigne également les langues aux personnes issues de l'immigration.


Annika, pourquoi fais-tu de la politique ?
J'ai grandi dans une famille où la table familiale était entièrement consacrée à la politique. Cependant, ma famille était plus à droite et je voulais avoir mon mot à dire quand j'étais enfant. Les inégalités de la société m'ont mis en colère et m'ont motivé à en savoir plus. Je voulais le savoir : Où est le pouvoir de changer quelque chose dans notre société ? Une grande partie du pouvoir réside dans l'économie, mais une grande partie du pouvoir réside aussi dans la politique. Quand j'ai regardé cela, j'ai remarqué qu'une grande partie de la politique est faite par des hommes âgés de race blanche qui représentent d'autres intérêts que les jeunes femmes. Je ne me sentais pas représentée et je voulais changer cela. Je voulais avoir mon mot à dire. Je veux une Suisse plus sociale et plus verte et c'est ce qui me motive à m'engager politiquement.


Qu'espéres-toi tirer de la politique ?
Je veux plus de jeunes en politique, quel que soit leur parti. Il a simplement besoin de la voix des jeunes en politique. Le Parlement devrait être le reflet de l'ensemble de notre population et il ne l'est certainement pas pour le moment. C'est aussi ma motivation pour animer des groupes de travail, m'impliquer auprès des jeunes Verts et participer à des tables rondes pour qu'une jeune femme puisse aussi discuter avec les hommes plus âgés. Ceci également dans le but de motiver d'autres jeunes à s'engager dans la politique, quel que soit le parti auquel ils appartiennent.
Une autre préoccupation majeure est que la Suisse, en tant que pays riche et privilégié, joue un rôle de pionnier en matière de protection du climat. Que nous relevons constamment le défi de la protection du climat. Nous ornons les touristes de l'image d'un Heidiland magnifique avec des montagnes et des glaciers. Il s'ensuit que nous défendons une protection climatique cohérente afin de préserver notre nature.
Cependant, il est difficile d'agir parce que le changement climatique semble lointain. Cela est principalement dû aux pays riches, mais les pays pauvres le ressentent en premier, ce qui le fait paraître lointain. De plus, on a le sentiment que rien ne peut être fait. L'une des façons dont nous voulons provoquer le changement, c'est par le biais de grèves climatiques. Nous devons agir collectivement, avec des mesures politiques. Les actions individuelles des individus ne suffisent pas.
Une autre de mes préoccupations majeures est l'égalité en Suisse. Il existe une étude du Forum économique mondial "The Global Gap Index" qui s'intéresse à la situation de l'égalité dans différents pays. La Suisse y reste à un faible niveau et rivalise avec des pays comme l'Afrique du Sud et la Bolivie. Le problème de l'égalité des sexes est également visible historiquement avec l'introduction tardive du doit de vote des femmes. Cela montre l'importance de la représentation des femmes en politique. Les hommes peuvent représenter leurs intérêts, mais il est important que les femmes elles-mêmes élèvent la voix.


Comment la Suisse parvient-elle à représenter et à unir toutes les régions linguistiques et toutes les cultures ?
Malgré son fédéralisme fort, la Suisse le fait de manière exemplaire. La Suisse est très colorée et tient toujours bien ensemble. C'est également le cas au Parlement, où chacun parle sa propre langue et où des traducteurs sont disponibles. Bien sûr, il y a le Röstigraben, mais je pense que ce qui distingue la Suisse, c'est qu'elle tient le coup malgré toutes ces différences. Les différentes identités ne sont pas considérées comme un facteur de séparation, mais nous mettons plutôt les points communs au premier plan. De plus, la démocratie directe crée une forte culture de la discussion. Le fait que nous n'avons pas de chef d'Etat, mais 7 conseillers fédéraux représentant la Suisse en est la preuve. Je vois cela comme une très grande force. Dans d'autres pays, comme les États-Unis, la Bolivie et la France, vous pouvez observer comment les fronts entre les différentes parties et les visions du monde se durcissent. Ces dernières années, cela s'est également fait sentir en Suisse. Mais comme les différents partis gouvernent souvent ensemble, ils doivent se parler. Il n'y a pas un seul parti qui gouverne, et tous les autres sont dans l'opposition. C'est là, selon moi, l'une des grandes forces de la Suisse, cette cohésion, malgré les différentes langues, les cantons avec leurs légions cantonales. D'une certaine manière, c'est aussi dans l'ADN de la Suisse : qu'elle unit des langues et des cultures différentes, parce que la Suisse a toujours été diverse.

Qu'est-ce que cela signifie pour toi d'être suisse ?
Je trouve que c'est une question très difficile. Je pense que nous, les Suisses, n'avons pas beaucoup à faire avec notre identité, ce qui est un grand privilège. C'est différent pour les personnes issues de l'immigration, qui sont constamment renvoyées sur leur nationalité et s'identifient donc peut-être davantage à leur pays d'origine. Je ne pense pas que ce soit aussi prononcé qu'un Suisse. Je ne pense pas qu'il s'agisse de définir des frontières, mais d'aborder la diversité de l'identité suisse.  Il n'y a pas d'identité suisse, tout comme il n'y a pas d'identité polonaise, américaine ou bolivienne. Je pense néanmoins qu'il est important de définir cette question afin de créer également une identité positive commune pour la Suisse.
Je pense que la confrontation avec notre identité et les privilèges qui lui sont associés peuvent également contribuer à l'intégration et à la lutte contre la discrimination.


Que veux-tu pour la Suisse ?
J'ai déjà mentionné beaucoup de choses. J'espère qu'il n'y aura pas de durcissement des fronts politiques en Suisse, comme c'est le cas dans d'autres pays, et que nos similitudes nous uniront. J'espère également que la foi en la politique et en la démocratie directe et que le système politique sera maintenu. Notre terrain d'entente devrait toujours être à l'avant-plan, et non ce qui nous divise. Les Suisses devraient voir quel privilège nous avons, mais aussi quelle responsabilité ce privilège nous confère.

 

Entretien: Eliane Troxler

Interview avec Elsa qui étudie à Saint-Gall

 

Salut Elsa. Merci beaucoup d'avoir pris le temps pour l'interview !

 

 Qui es-tu ?

 

Je m’appelle Elsa et j’ai 22 ans. Je viens de Genève. Je poursuis actuellement un bachelor en Business Administration à l’Université de St. Gall, dans la partie suisse-alémanique de la Suisse. Portant un grand amour pour la nature, je profite de mes weekends pour faire des randonnées en Appenzell et y découvrir la richesse de ses paysages. J’ai par ailleurs une grande passion pour l’art. Il m’arrive souvent de prendre une après-midi à moi afin de dessiner ou de feuilleter un livre d’histoire de l’art en fin de soirée.

 

 Où as-tu grandi et pourquoi as-tu décidé d'étudier en Suisse alémanique ?

 

J’ai grandi à Genève. J’ai fait une maturité bilingue français-allemand au Collège Calvin. Pour moi, venir à St. Gall allait dans la continuité logique de mes études. Je souhaitais faire « un pas plus loin » dans mon enrichissement personnel et perfectionner mon allemand. De plus, j’étais curieuse de découvrir la partie suisse-alémanique et sa culture, qui bien que toujours suisse, n’est pas identique à celle que je connaissais.

 

Comment as-tu ressenti le début de tes études à St. Gall ? Qu'est-ce qui était différent ? Qu'est-ce qui était difficile ?

 

St. Gall est une petite ville. On s’y sent très vite en sécurité et la vie y est plutôt facile. Je n’ai pas eu de grandes difficultés à m’intégrer. De plus, l’université est très interculturelle. Je me suis assez vite rapprochée des Tessinois. Au niveau des études, il a fallu apprendre à être autonome. Il m’a été difficile de rentrer en contact avec les Suisses allemands en raison de la langue. Même en comprenant l’allemand, il m’était impossible de comprendre leur dialecte.

 

 Qu'as-tu appris en étudiant dans une autre partie du pays que tu n'aurais pas appris autrement ?

 

J’ai tout simplement découvert la Suisse... Cela peut paraître bête, mais rester à Genève, c’est vivre dans une petite bulle. Je me suis rendue compte de la diversité de notre pays. La Sarine est tout autant une séparation physique que culturelle entre la Romandie et la Suisse alémanique. En vivant des deux côtes, on se rend que les clichés respectifs sont partiellement vrais et partiellement faux. C’est toute une expérience.

 

 Quelle a été ta meilleure expérience à Saint-Gall ? Quelle a été la pire ?

 

Ma meilleure expérience a été la découverte de la vie universitaire. St. Gall est une ville universitaire. Il est extrêmement facile de faire des rencontres. Les gens viennent souvent de différentes régions voire pays, ce qui est très enrichissant. De même, la vie en colocation permet de créer des liens très forts.  

 

Il arrive en tant que francophone de ne pas être pris au sérieux tout simplement parce qu’il peut nous être difficile de nous exprimer en allemand. C’est un sentiment très frustrant de ne pas réussir à communiquer correctement.

 

 Cela t’as-t-il changé d'étudier loin de chez toi ?

 

Cela m’a sans aucun doute fait prendre en responsabilité. Vivre loin de chez soi, c’est ne plus avoir son cocon familial derrière soi. Je trouve que c’est une chouette étape entre la vie en famille et la vie d’adulte autonome, histoire de ne pas faire le grand saut d’un coup.

 

 Étudierais-tu à nouveau dans une autre partie du pays ?

 

Revenir à Genève ne fait pas parti de mes plans pour la suite de mes études. Je compte soit rester à l’Université de St. Gall, soit partir à l’étranger. Dans ce cas-là, je choisirais un pays anglophone pour compléter mes connaissances linguistiques.

 

 Quels conseils donnerais-tu à ceux qui aimeraient étudier dans une autre partie de la Suisse ?

 

Ne pas avoir peur, c’est une expérience en or. On fait des connaissances qu’on n’aurait jamais eu l’occasion de faire, on gagne en maturité. Il n’y a que des points positifs !

 

Merci beaucoup!

 

Entretien: Eliane Troxler